Bonjour à tous !
Le magazine femmes d'aujourd'hui propose chaque année un concours de nouvelles. Cette année, plus de 500 textes furent envoyés et donc, la sélection fut difficile, très très difficile ! Il fallait se douter que beaucoup de scribouilleurs seraient tentés par le thème assez musical ...Lequel ? Et bien, il s'agissait d'écrire un texte inspiré par une chanson ! Je n'ai pas cherché longtemps, un CD de Joe Dassin traînait là et la musique de cette chanson L'équipe à Jojo m'a soufflé ceci :
Le long de tous les boulevards, du quartier latin jusqu’à Montmartre et encore plus loin, notre jeunesse si vivante , si exhaltante, riait, sautillait et traçait au marqueur indélébile les mots magiques insouciance et joie de vivre sur chaque trottoir de chaque rue.
Les étés flower power , c’étaient des étés fabuleux, pleins d’espoirs , pleins d’espace , de chats à cajoler , de filles à draguer et de bivouacs improvisés.
On était une bande de copains ! La fleur aux dents, des étoiles dans les yeux et du vide dans les frigos, on partageait tout et…on n’avait rien !
Sous le soleil parisien, aux touristes venus des nouveaux mondes, Lulu vendait ses toiles. Tout l’inspirait, ce Lulu aux mirettes agrandies par les dessous des filles. Sur les pavés des esplanades, il peignait tout et n’importe quoi ; les amoureux des Tuileries, les ferrailles de la Tour Effel et même les petits chiens bien toilettés de la place Vendôme s’applatissaient innocemment sous ses pinceaux de pacotille.
Dans nos soirées alambiquées de délires et de mousse d’orge, tous les copains pariaient que le Lulu, c’était un gars qui serait projeté d’office à la postérité aussi légèrement que s’enjambe le pont de l’Alma les soirs de quatorze juillet. Son nom, serait lu dans le Grand Robert avec, tout à côté de sa photo, la toile qui l’aurait rendu célèbre…A coup sûr, un autoportrait égodessiné , un soir où les alcools lui offraient dans la glace le reflet d’un prince des villes décoloré et désargenté.
La ville de lumières nous éclatait et était le témoin docile de nos fanfaronnades, de tous ces scénarios qui font qu’une bande de copains, ça va, ça vient, ça cherche des démerdes, ça trouve des emmerdes et ça renifle les bêtises au-delà des banlieues.
« Chez Marcel », au café de la gare, Jacquot s’agitait, fier de son statut : Dans ce zinc d’effrontés, il était le roi de la plonge.
Notre quartier général se plantait entre ces murs-là. D’ailleurs, les plafonds transpirent encore nos folles soirées enfumées, quand des filles malheureuses pleuraient sur le juke-box des amours infidèles que demain elles auraient oubliés, quand les soixante-huitards dessinaient sur les nappes en papier des projets avortés et des idées de chaos.
De la journée, Dédé, lui, il goûtait les vins ; dans un resto branché pour rentiers aux femmes alourdies par des bijoux clinquants, notre Dédé prenait des grands airs, des gestes nobles de celui qui a reniflé dans les caves des châteaux.
Et Jéjé, lui, il sifflotait tout en lavant les vitrines des magasins ; entre deux boutiques, il râlait car Pierrot , pareil à lui-même, ne faisait rien.
Moi, mon quotidien, c’étaient les halles. Le bruit des cageots de légumes verts et de fruits exotiques qui cognent sur les étals de poissons fraîchement assassinés.
Il est cinq heures, Paris s’éveille, cette chanson-là, je la chantais chaque matin !
Et puis un jour, pour quelques prunes, on a loué un vieux grenier aux murs moisis et prêts à s’effondrer. La mérule, entre les crachats de ciment, a vu défiler des copains et des copains de copains car, vous le savez bien, dans l’équipe à JoJo, jamais il n’y avait un copain de trop !
On était tout à la fois, batteurs, guitaristes, trompettistes et chanteurs ! On improvisait tous nos morceaux !
On saisissait les instants de liberté, de chansons sans sarcophage, de chaleur de cigarettes. Dans l’inconscience transparente de tout, on vivait la toute grande aventure !
On la voulait grande comme un bulldozer, haute jusqu’aux étoiles et éternelle jusqu’à l’infini !
Un jour, on s’est même payé un vieux tacot ; Lulu l’a fleuri sur le capot pour que l’essence, dit-il, parfume les Champs-Elysées !
On voulait le soleil de Provence, les grillons sous les étoiles, la lavande sur les marchés ; sur la route, la mécanique , rebelle à nos arguments, écrasa nos espoirs et le bout du voyage fut , entre deux fées et quatre lutins, la forêt de Fontainebleau !
On fit du stop et on rentra bredouille, sur le dos d’une licorne qui chavirait par là.
Dans le vieux grenier, on joua de cette escapade et on fuma une chanson, celle de l’équipe à Jojo…
On se sentait drôlement bien et on aurait aimé caracoler ainsi tout le reste de la vie ; les filles nous dorlotaient ; on respirait les fleurs de l’insouciance et notre vieux grenier sentait bon nos nocturnes musicales et nos gammes dégommantes.
Et puis, sur nos rêves de godelureaux, la vie s’est assise et, sans tambour ni trompette, orchestra nos lendemains…
Chacun s’envola vers des vents de convention ; une galerie d’art pour Lucien, un bistrot de quartier pour Jacques…
Roger épluche les administrations et même moi, j’ai lâché les cageots de légumes pour assurer des biftons mensuels…
Le seul qui soit resté fidèle à ces printemps insoucieux, c’est Pierre ; toute la journée, il cherche du boulot…
Quand je repense à ces années-là, ces années du vieux grenier, de bruits de guitares et de batteries, de mérule apprivoisée et de filles basanées, je me dis que tout ça, c’étaient des chouettes cadeaux…
Et me reviennent alors du fond de ma mémoire ces musiques sans partition, sans horloge et sans raison, ces musiques qui me rappellent celles de l’ équipe à Jojo.
Cette chanson est gaie et nous raconte des instants que nous avons tous connus, d'une façon ou d'une autre, non ?
Cherchez bien ....
Quand vous aviez une vingtaine d'années...Une bande de copains ...Les p'tites virées ...Non ?
De ces années-là, y'a pas quelques notes qui dorémifasollent dans un coin de votre tête ?
Merci à tous !
Merci pour vos gentils messages concernant
" RUE BARAKA " !
Ah oui, vous vous demandez si mon texte a été sélectionné ?
Si je n'ai rien dit, c'est que ...c'est que .....
C'est encore loupé !!!
MAis dans l'aventure, je n'ai pas tout perdu ...Suivez ce lien ...Un tout grand merci à "MATANTE de Gozée " !
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